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le Jeudi 3 février 2022 4:47 Société

Témoignage : des routes de plus en plus achalandées

L’initiatrice de la campagne «Lettre pour Chad», Noëlla Nadeau, a voulu agir pour que les routes du Nord soient à la fois plus sécuritaires et que leurs fermetures soient moins fréquentes. Elle s’inquiète pour la sécurité des automobilistes, mais aussi de l’incidence des fermetures sur les Nord-Ontariens.

«On entend presque tous les jours qu’il y a des accidents», plaide la Kapuskoise de 59 ans qui a lancé  en janvier la campagne «Lettre pour Chad». 

Elle a fait d’innombrables fois la navette entre Ottawa ou Toronto et Kapuskasing pendant ses études ou pour visiter les membres de sa famille. Elle témoigne : «Jusqu’à il y a trois ans, je n’avais jamais fait de détour dans le Nord de l’Ontario. Depuis, j’ai dû en faire à Matheson, Kirkland Lake et Englehart…» 

Elle s’estime chanceuse puisqu’elle a pu emprunter des routes secondaires pour se rendre à destination. Cependant, elle connait des automobilistes «qui ont pris 17 h, 19 h pour se rendre à Kapuskasing parce qu’ils ont eu deux fermetures en chemin». 

Repenser l’entretien 

Elle souhaite que l’entretien des routes soit repensé. Elle plaide que lorsque l’entretien était assuré directement par le ministère des Transports, il reposait sur la sécurité routière plutôt que sur un contrat de service. «Je ne blâme pas les contracteurs, tient-elle à préciser. Business is business. Le but d’une entreprise privée, c’est de faire de l’argent.»

Une densité inquiétante

Aussi, la densité de la circulation l’inquiète. 

Selon l’Ébauche d’un plan de transport pour le Nord de l’Ontario publiée en décembre 2020 par le ministère des Transports de l’Ontario, 8400 trajets par camion sont effectués chaque jour sur le réseau routier nord-ontarien. Chacun d’eux est de 350 km en moyenne. Au quotidien, 87 000 tonnes de marchandises circulent sur les routes nord-ontariennes. 

Noëlla Nadeau ne croit pas que les routes ont été construites pour recevoir le volume croissant de poids lourds qu’elle observe. Elle sait bien qu’elle n’est pas une experte, mais une observatrice. «Ils sont tellement plus gros et plus lourds que ça cause beaucoup de dommage [en cas d’accident].» 

Une solution ferroviaire? 

Parmi les solutions qu’elle envisage, il y a le transport ferroviaire. «Le train, c’est efficace, c’est quand même rapide. Ça enlèverait une quantité de transports sur nos routes», lance-t-elle.

Par ailleurs, elle se dit consciente que des pressions pèsent sur l’industrie du camionnage, notamment sur les camionneurs. «Certains camionneurs travaillent pour des compagnies qui poussent beaucoup, beaucoup pour que [la cargaison] arrive à telle heure. Ça ne marche pas. Si les conditions ne sont pas bonnes, il faut ralentir. Il y a la pression financière sur les conducteurs et il y a aussi la fatigue.»

Des mesures politiques

Au cours de la semaine où la campagne «Lettre pour Chad» a pris son envol, la ministre ontarienne des Transports Caroline Mulroney annonçait la création d’un Groupe de travail pour les transports

Ce comité réunit des représentants municipaux de Kenora à Temiskaming Shores en passant par Sudbury, des leadeurs des Premières Nations ainsi que de l’industrie du camionnage et du transport ferroviaire. L’objectif : étudier «les besoins et les perspectives en matière de transports dans le Nord», afin de faciliter les déplacements.

D’autres mesures sont envisagées. En décembre, le député de Mushkegowuk-Baie James, Guy Bourgouin, déposait un projet de loi pour accélérer le déneigement des routes 11 et 17, dans le Nord. Quelques jours plus tard, le ministère des Transports annonçait un projet 2 +1 voies au nord de North Bay. 

«Il y a peut-être une task force, mais les routes ne sont pas mieux, renchérit Noëlla Nadeau. Il faut que la pression continue. Les accidents se produisent encore.» 

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